Tuesday, December 2, 2008

les meilleurs albums de 1988 (1)




Hello,

C'est avec beaucoup de prudence que je lance mon post spécial 1988, puisque la version 1987 avait été effacée à la demande d'Univers Sale pour cause de mise en ligne de titres des Guns n' Roses.

Pourquoi 1988 ? Parce que sur le forum d'Acclaimedmusic on fait tous les mois des sondages sur les albums années 80 et qu'octobre était consacré à 88. J'en profite à chaque fois pour publier une chronique de mon préféré sur etat-critique.


Assez bonne année, d'ailleurs, où tout ce qui fera les années 90 est déjà en germe (rap, renouveau country, grunge et indie, electro, revival 70's aussi).

Un petit récapitulatif de mes préférés des éditions précédentes ?

1981 : Soft Cell - Non-stop Erotic Cabaret (chronique)

1982 : Bruce Springsteen - Nebraska (chronique)

1983 : Tom Waits - Swordfishtrombones (chronique)

1984 : Prince - Purple Rain (chronique)

1985 : Tom Waits - Rain Dogs (chronique)

1986 : Martin Stephenson - Boat To Bolivia (chronique)

1987 : Ceux-dont-on-ne doit -pas-écrire-le-nom (chronique)



Et pour 1988, the winner is :



N.W.A - Straight Outta Compton


La chronique :

20 ans déjà que le groupe emmené par Dr Dre, Ice Cube et Eazy E popularisait le gangsta rap avec ce brulôt excessif et, il faut bien le dire, plutôt jouissif. Récit.

Los Angeles, fin des années 1980. Loin des paillettes de Hollywood, en plein dans la cuvette de South Central, le quartier noir et ses 50 % de chômeurs. Eric Wright, jeune dealer poids mouche de 23 ans décide de tenter sa chance comme producteur de rap. Il recrute le DJ Andre 'Dr. Dre' Young, qui lui présente à son tour un certain O'Shea Jackson, alias Ice Cube, étudiant issu d'une famille tranquille de South Central mais à la plume habile et volontiers salace. Le duo d' auteurs maisons de Wright et son label Ruthless Records est trouvé. Le producteur en herbe a alors l'idée de former un supergroupe 100% South Central, avec les deux précités auxquels il adjoint son voisin et scratcheur DJ Yella et quelques autres. Dr Dre a alors une idée de génie : transformer son mini manager en mini rappeur. Eric Wright, d'abord réticent, se laisse finalement convaincre. C'est la naissance du personnage d'Eazy-E, le petit teigneux à la voix acide, "à la fois menace urbaine, mâle black hypersexué et clown de la classe", selon Jeff Chang.
Les N.W.A. ( Niggaz With Attitude) sortent "Boyz-N-The-Hood" un premier single signé Cube-Dre (les Jagger-Richards du West Coast rap).
Après un album bouclé à la va-vite, Ice Cube, quelque peu désabusé par son manque de succès, préfère partir en Arizona faire une année d'études en dessin architectural. Lorsqu'il revient, à l'été 1988, la situation est toute autre, le single a décollé, et il reprend illico son rôle dans N.W.A., qui s'adjoint le rappeur MC Ren, et enregistre dans la foulée "Straight Outta Compton", du nom d'un quartier déshérité de South Central.
La formule imaginée par Dre et Cube est basique, mais il fallait y penser : reprendre les innovations venues de New York, c'est-à-dire le "hardcore" menaçant popularisé par Public Enemy, musique coup de poing, basses surgonflées et beats funk elephantesques. Dr Dre fait dans l’épure : scratches, boîte à rythme, quelques samples de cuivres et la guitare funk de Stan Jones. Les textes, eux, prennent complètement à contre-pied les messages du rap East Coast : là où Chuck D de Public Enemy, tout de noir vêtu et sérieux comme un pape, balançait ses sermons politiques et prêchait la révolution, là où Eric B et Rakim délivraient leur message spirituel, Dre et Cube préfèrent décrire le plus crûment possible le quotidien des gangsters des quartiers noirs de L.A., voire de le caricaturer façon cartoon, avec toute la gaudriole issue des traditions afro-américaines. Une esthétique de l'excès et de la provocation : sexe, violence, drogues, alcool au volant, argent et vie facile. Personne n'est épargné : flics (le fameux "Fuck Tha Police"), filles, gays, et gangsters concurrents, autant de bâtons pour se faire battre par la critique bien-pensante, afin bien sûr de vendre encore plus de disques aux petits Blancs fascinés. Filon inépuisable.
Il n'empêche, l'album est une tuerie (cas de le dire). Les 3 premiers morceaux, désormais des classiques, claquent comme une salve d'AK-47 : le morceau-titre, célébration de l'esprit de quartier, "Fuck Tha Police" qu'on ne présente plus, puis "Gangsta Gangsta", à l'origine même de l'expression "gangsta rap" (bien que d'autres rappeurs comme Ice T en faisaient déjà sans le savoir). Au risque d'occulter le reste de l'album, qui pourtant contient d'autres bons moments, comme "Express Yourself" sur la censure anti-rap, ou "Parental Discretion Iz Advised" avec ses samples des Isley Brothers.
On connaît la suite : disque d'or en six semaines, scandale "Fuck Tha Police" avec concerts interrompus par la police et plaintes du FBI. Mais l'essentiel est qu'en ramenant le rap au ras du quartier, de la rue, N.W.A. crée un appel d'air gigantesque, un peu comme les Pistols l'avaient fait pour le rock : faire une K7 de rap est à la portée de tous, et plus seulement à New York. NWA avec cet album essentiel ont simplement démocratisé le rap, et permis à la scène gangsta d’exploser dans la décénnie qui suit.

Pour aller plus loin : Jeff Chang, Can’t Stop Won’t Stop, Une histoire de la génération hip-hop, chez Allia.


Découvrez N.W.A!


As you probably understood, this post is about my favorite albums of 1988, an idea that comes from a poll we do at Acclaimed Music's forum.

Above you will find my favorites of the first 7 years, and of course the winners of 88.

In fact that album was issued in january 1989 but it's listed in Acclaimedmusic as 1988 (the copyright is 1988).
I really love that album, even more than Public Enemy's It Takes A Nation... that came out the same year and that was more groundbreaking artistically speaking.
The NWA album is aggressive but full of fun, and I think, more pleasant to listen to.
Of course it was very controversial and raised a big argument even iside the hip hop community, with radio stations banning it.
But I guess what I love the most is Dr. Dre's production, very minimalistic (is that an English word ? I don't know) and groovy. Being French, I'm less struck by the lyrics maybe..
Dre took Public Enemy musical innovations but did the exact contrary with the lyrics : instead of preaching revolution, NWA take hip hop to the streets, but with no social commentary at all (contrary to what Ice-T or Boogie Down Prod did before). They just try to show what they call "reality". But that's not reality ; it is more a fantasy. As in Eminem lyrics, you hear about violence but never see its consequences. It's like a cartoon when the characters shoot themselves without dying.
One of the main sources I used to write my review was Jeff Chang's excellent book Can't Stop Won't Stop, a must-read for every hip hop fan, and every one who wants to understand contemporary music.

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