Thursday, December 11, 2008

Et ta critique ? Femi Kuti : Day By Day (2008)

(avec etat-critique.com)

La fin de l'année approche, et les inévitables bilans commencent à pleuvoir. On en reçoit tous les jours à acclaimedmusic : les fameuses listes des meilleurs albums de 2008.

la critique étant toujours très porté sur le rock branché, on y trouve plus ou moins les mêmes artistes : MGMT (pas mal), Bon Iver (bof), Vampire Weekend (bien), Fleet Foxes (très très bien), Portishead (déprimant).

Je suis personnellement loin d'avoir écouté tout ce que je voulais de 2008, mais ça avance, et je vous donnerai sans doute mon top 10 (ou 20) en janvier 2009.

En tous cas, un qui va bien figurer, c'est l'ami Femi Kuti, auteur d'un fantastique album, dont voici la critique que j'ai publiée sur état du même nom :

La critique

Day By Day
Femi KUTI (2008, Believe)

L'aîné des Kuti (46 ans tout de même) couronne une riche année nigériane avec ce splendide album très abouti, se posant en à la fois en héritier et en modernisateur de l'afro-beat paternel.

Décidément, le Nigéria nous a gâtés, cette année. Superbes compilations de la fabuleuse scène locale des années 70 (Nigeria Rock Special, Highlife Time), bon album de Keziah Jones, victoire d'Asa au prix Constantin. Et puis aussi, et non des moindres, deux albums en provenance de la famille Kuti.
Le plus jeune fils de Fela, Seun, sortait en début d'année son premier essai, accompagné du groupe de son père, Egypt 80 (voir chronique sur notre site). Quelques mois plus tard, c'est l'aîné, Femi, qui l'imitait.
Ces deux-là s'ignoraient jusqu'en 2007. Une rivalité qui vient de leurs mères respectives, jalouses l'une de l'autre, et à laquelle ils ont fini par mettre fin l'année dernière. On les a même vu partager en 2008 la même affiche, celle du festival de Montreal.
Femi a reçu de son père le même enseignement rigoureux que son demi-frère (qui a presque 20 ans de moins que lui). Mais Fela l'a vite incité à voler de ses propres ailes, ce qu'il a fait dès 1986, fondant Positive Force, un groupe qui l'accompagne toujours, et réalisant 3 albums jusqu'en 2001. Depuis, on avait peu de nouvelles. Femi s'était replié à Lagos où il dirige un club, et vivait isolé. Il circulait même les plus inquiétantes rumeurs sur sa santé mentale.
Une chose est sûre : Femi les fait taire, et de la plus belle manière qui soit, en sortant cette année cet excellent Day By Day.
Si Seun reprend avec une belle énergie la formule de son père, Femi s'en démarque un peu plus, sans verser non plus, comme dans ses précédent opus, dans le hip-hop ou l'electro. La musique qu'il nous propose est véritablement africaine, c'est bien de l'afro-beat, ce mélange de funk, jazz et highlife (musique du Ghana et du Nigéria des années 60-70) avec des textes à fort contenu politique. Femi y ajoute toute la culture musicale qu'il a accumulée en Europe et en Afrique, des éléments de reggae (Eh Oh), de free jazz et surtout de soul psychédélique seventies. Par rapport à son demi-frère, les tempos sont moins frénétiques, plus variés. Instrumentalement, c'est un vrai régal : une section de cuivres époustouflante (sur Tension Grip Africa ou Democrazy), des nappes d'orgue Hammond, des pianos Fender Rhodes, des guitares avec ou sans wah-wah, des percussions, deux batteurs, des chœurs, un groupe ultra-soudé de 13 musiciens, qui doit être impressionnant sur scène, à la fois généreux et carré.
La production de Sodi, qui avait déjà dirigé Fela, est exemplaire. C'est vraiment ce qui frappe au premier abord, mais ensuite viennent les chansons, plus courtes que celles de son père (qui parfois frisaient la demi-heure, tout de même). Chacune se dégage par un thème mélodique ou un tempo distinct comme les trois temps du morceau-titre ou le riff de basse de You Better Ask Yourself. Femi joue de l'orgue, de la trompette (il dit avoir beaucoup bossé ces deux instruments), du sax, bien sûr, et il chante, d'une voix enfin assurée, pleine, qui rappelle de manière troublante celle de son père.
Les textes, comme chez Seun, reprennent la flamme revendicatrice du pater, révolte et ras-le-bol face à la situation inchangée de Lagos et du Nigeria, pays riche en pétrole mais fausse "democrazy" pourrie par la corruption généralisée. Malgré les menaces et les campagnes de calomnie dont il font eux-mêmes l'objet, Femi et Seun, désormais réunis, restent à Lagos et continuent à chanter un autre Nigéria. Seun a appelé à boycotter l'élection présidentielle frauduleuse de 2007, et Femi règne sur l'Africa Shrine, club la nuit, et centre culturel gratuit le jour. Les chiens ne font pas des chats, ce qui en yoruba donne "le fils du lion reste un lion".


A brief summary for non-French speakers : Femi just released the best record by a Kuti sonce, let's say, 1981 and the last of his dad's masterpieces. It is jazzy, groovy, funky, and very African at the same time. Femi carries on with the afro-beat tradition, but with a very personal touch : shorter songs, great variety of beats, great musicianship, and that generosity that only African musicians can have. Plus he sings in a manner that reminds me of Bob Marley. To me it is definitely one of the top 5 records of 2008, if not the number 2 (behind Fleet Foxes).

Les compléments

Un extrait ?

Femi Kuti - You Better Ask yourself (buy)

Bande annonce de l'album / Album teaser






Une source que j'ai utilisée pour l'article : très bon papier de l'Express

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