(English commentary included)
C'est mon album préféré (si ça vous intéresse, visez aussi les 199 autres).
Bizarre, non ? moi, l'amoureux de roots music, tomber pour du rock progessif ?
Je trouve tout simplement que ce disque est en lui-même un autre monde, une autre dimension, de l'inexploré, de l'inconnu, comme une grotte sous-marine de beauté musicale absolue.
Un disque qui n'a, musicalement à voir avec rien d'autre : jazz, rock, avant-garde ? au diable les étiquettes. Wyatt, qui n'est jamais le seul maître à bord, s'est entouré de musiciens venus d'horizons divers : le saxophoniste Gary Windo, le trompettiste sud-africain Mongezi Feza, les guitaristes Fred Frith et Mike Oldfield, les bassistes Hugh Hopper et Richard Sinclair. Et puis bien sûr il y a la voix de Wyatt, unique, et qu'Yves Bigot qualifie à raison d'"utérine".
C'est bien sûr un album qui s'entoure d'une légende, sur laquelle il va falloir revenir.
Ecouter Rock Bottom, c'est comme entrer dans la mer, marcher au fond de l'eau comme Pinocchio et se rendre compte à sa surprise qu'on peut respirer. D'ailleurs il y a eu un moment de notre existence où on le faisait sans problème (non, encore avant ça... vous y êtes ?).
Avec les potes, à 20 ans, on finissait les soirées allongés par terre, toutes lumières éteintes, et on "se faisait un Wyatt". Evidemment certains ne tenaient pas; c'est l'album idéal à écouter allongé, puisqu'il parle en partie d'immobilité.
juillet 1973 : Robert Wyatt, ex-batteur de Soft Machine, s'apprête à entamer les répétitions du 3e album de son nouveau groupe Matching Mole ("Machine molle", donc "Soft Machine", il aimait bien la France). La veille au soir, il tombe du quatrième étage lors d'une soirée un peu arrosée. Se réveille avec deux jambes mortes. Peu après sa sortie d'hôpital, il enregistre Rock Bottom. (Détails du making-of dans la version anglaise de ce post).
Donc forcément c'est un disque qui a à voir avec l'immobilité.
Déprimé, déprimant ? Pas seulement. Déprimé, on le serait à moins, après un tel accident. Mais une lecture des paroles révèle qu'elles sont pleines d'humour pataphysique et absurde. En fait l'album passe par toutes les émotions. Comme le dit bien le critique italien Piero Scaruffi, "Along that imaginary line, Wyatt carved a deep trench of emotional outpouring, where happiness, sorrow, faith and resignation found a metaphysical unity".
Mais , surtout, et personne ne l'a assez dit, c'est un magnifique disque d'amour, amour pour Alfreda Binge, Alfie, Alifie, Alifib, sa compagne, qui est à ses côtés, et qui ne le laissera jamais tomber.
Description sommaire : ça commence par une chanson presque pop, "Sea Song", suivie de deux autres un peu plus expérimentales (c'est la face A du 33 tours), puis ça se poursuit par un seul morceau en trois ou quatre parties. Sur le disque, la face B contient 3 chansons, mais la troisième est nettement divisée en deux parties très différentes. La face B est une longue exploration sonore, un immense trip qui commence très zen, dans la décontraction absolue, puis une sorte d'angoisse monte, avec le sax strident de Gary Windo (comme j'ai badtrippé dessus "étant jeune" après cigarettes qui font rire !!, ça me faisait penser à un bébé alien se tordant de douleur) et cette fin complétement barrée avec ce récital d'Ivor Cutler. J'ai décrit tout ça dans un texte qui devait faire partie d'un roman (la suite du Regarde-belles), qu'il faudrait que je publie un jour ou l'autre ici ou ailleurs.
Je ne vais pas vous poster des titres de l'album, mais des démos enregistrées chez John Peeel. On y découvre notamment que ces chansons, sorties du bain de l'album et de leurs orchestrations si particulières, fonctionnent encore.
Robert Wyatt - Sea Song (demo) (buy)
Maintenant, rendez-vous pour la version anglaise, car je vous y révèlerai la vérité sur le making-of de Rock Bottom.
Mais , surtout, et personne ne l'a assez dit, c'est un magnifique disque d'amour, amour pour Alfreda Binge, Alfie, Alifie, Alifib, sa compagne, qui est à ses côtés, et qui ne le laissera jamais tomber.
Description sommaire : ça commence par une chanson presque pop, "Sea Song", suivie de deux autres un peu plus expérimentales (c'est la face A du 33 tours), puis ça se poursuit par un seul morceau en trois ou quatre parties. Sur le disque, la face B contient 3 chansons, mais la troisième est nettement divisée en deux parties très différentes. La face B est une longue exploration sonore, un immense trip qui commence très zen, dans la décontraction absolue, puis une sorte d'angoisse monte, avec le sax strident de Gary Windo (comme j'ai badtrippé dessus "étant jeune" après cigarettes qui font rire !!, ça me faisait penser à un bébé alien se tordant de douleur) et cette fin complétement barrée avec ce récital d'Ivor Cutler. J'ai décrit tout ça dans un texte qui devait faire partie d'un roman (la suite du Regarde-belles), qu'il faudrait que je publie un jour ou l'autre ici ou ailleurs.
Je ne vais pas vous poster des titres de l'album, mais des démos enregistrées chez John Peeel. On y découvre notamment que ces chansons, sorties du bain de l'album et de leurs orchestrations si particulières, fonctionnent encore.
Robert Wyatt - Sea Song (demo) (buy)
Maintenant, rendez-vous pour la version anglaise, car je vous y révèlerai la vérité sur le making-of de Rock Bottom.
1 comment:
Allongé par terre c'est comme ça que je l'ai découvert dans ton appart de Pigalles de l'époque. Depuis fan absolu de wyatt...
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